IDDEES
Newsletter n° 4 : Décembre 2009

Le soutien financier au solaire photovoltaïque ne relève pas
d’une démarche Développement Durable

    Toute décision, tout arbitrage portera le label « développement durable » s’il  répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
                  
evolution soutenable
Schéma du développement durable

Le développement durable se trouve à la confluence de trois préoccupations, dites « les trois piliers du développement durable » : l’écologique, l’économique et le social. Certains y ajoutent la préoccupation  culturelle. Au lieu de « développement durable »  d’autres utilisent l’expression « évolution soutenable » laquelle est plus conforme aux réponses recherchées ; ce qui est durable n’est pas forcément soutenable au moins financièrement.

    Deux des soucis majeurs auxquels l’humanité se trouve aujourd’hui confrontée sont : les gaz à effet de serre et l’épuisement programmé des matières premières. Ces deux soucis se rejoignent du fait que c’est l’utilisation irraisonnée des énergies fossiles qui conduit à la croissance incontrôlée des gaz à effet de serre.
    Pour diminuer cette croissance, on peut envisager deux solutions :
1.  diminuer nos besoins en énergie ;
2. trouver des énergies de substitution.
Sauf pour le nucléaire, toutes les énergies disponibles viennent du soleil, qu’elles soient fossiles, éoliennes, hydrauliques, bois-énergie, biomasse, biogaz, solaire thermique, solaire photovoltaïque…
Toutes ces énergies sont stockables à des coûts raisonnables, sauf l’éolien et  le photovoltaïque. On peut stocker le charbon qui alimentera une centrale ou l’eau qui fera tourner des turbines, mais pas les rayons solaires…
   
     La France a décidé de privilégier le photovoltaïque (PV). Le choix  de cette énergie de substitution est supposé répondre aux deux défis précédents : c’est une énergie renouvelable, elle est inépuisable ; c’est une énergie verte ;  le coût carbone de la fabrication et de la destruction des panneaux est couvert par les quelques premières années de production d’électricité.
    En revanche, les aides financières pour développer cette filière sont injustifiablement élevées : elles additionnent :
- 1. le soutien de l’Etat par ses aides à l’investissement (déductions fiscales, TVA réduite, aides des région, prêts à taux zéro…),
- 2.le tarif d’EdF qui rachète cette électricité à un prix exceptionnel, indexé, de plus de 60 cents/kwh aujourd’hui pour les panneaux intégrés et ce avec une garantie de rachat sur 20 ans. En fait, ce sont nous, les consommateurs d’électricité, qui finançons ce tarif exceptionnel par le biais du prélèvement sur nos factures d’électricité de la CSPE ( contribution au service public d’électricité ). A titre de comparaison l’électricité produite par biomasse solide n’est achetée qu’à 4,9 c/kwh alors qu’elle peut être produite en période de pointe, ce qui n’est pas le cas pour le PV.

Ces aides au PV qui génèrent d’importants flux financiers et par conséquent de la croissance ont un effet pervers : elles font monter le prix des installations à un niveau tel qu’il faudrait des siècles pour amortir l’investissement.   Les panneaux qui valent en Chine 2€/Wc valent en Allemagne 4€/Wc installés, et en France 7 à 9€/Wc installés ; le Wc (watt crête ) est l’unité qui définit la puissance d’une installation.
   
      Une question complètement occultée est la  valeur économique réelle  des kwh au moment où est produite l’électricité PV. Si l’on examine sur Powernext ( bourse des transactions de l’électricité) les prix horaires minimum et maximum auxquels se négocie quotidiennement l’électricité, on constate que les prix maximum en été sont de l’ordre de 3 centimes/kwh.  . Cela signifie que si les kwh PV étaient même payés 3c/kwh, il faudrait environ 2,6 siècles pour amortir une installation courante. Ce n’est donc absolument pas une démarche développement durable que de financer ainsi le PV. Le volet économique n’est pas soutenable.
   
    Cette distorsion des prix donne au photovoltaïque un intérêt qui relève plus du placement financier que de la démarche écologique. Le PV figure d’ailleurs comme produit de défiscalisation dans la panoplie proposée par les conseillers en placements financiers.
   
    L’objectif de 20% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 ne suffit pas à justifier ce choix. L’exemple des économies réalisées en isolant par exemple des combles le prouve : un montant identique d’investissement génère un gain en kwh dix fois plus important que celui généré par le PV.  En France on compte 33 millions de logement à isoler. C’est donc vers l’amélioration du bâti qu’il faut se pencher pour réduire et la production des gaz à effet de serre et les consommations d’énergies fossiles.
    De plus, satisfaire 1% des besoins en électricité au moyen de panneaux PV intégrés représente un manque à gagner de l’ordre de 20 milliards d’Euros pour l’Etat et des provisions pour EdF de 65 milliards ( 5,4 TWh x 20 ans x 0,6€/Kwh). Cette somme, nous, les consommateurs  ne pourrons la financer via le CSPE.
   
     Tout ceci ne veut pas dire que le PV soit à condamner. Au contraire, il faut poursuivre les recherches de façon intensive pour diminuer son coût de production. Il s’avère aussi très utile dans les cas où  manquent les infrastructure de transport et  de distribution d’électricité. Néanmoins le PV oblige à consommer l’électricité en même temps qu’elle est produite . La recherche doit donc aussi s’orienter vers la solution des problèmes de stockage

Plus généralement il faut s’interroger sur la motivation d’EdF à nous faire financer par le biais de la CSPE des investissements non amortissables alors que de très nombreux investissements en économies d’énergie le sont tout à fait. Tout ce que nous aurons dépensé pour installer du PV ne pourra l’être pour réduire nos consommations. Or quand les besoins en électricité ont augmenté ces dernières années de 2%, les pics de consommations ont augmenté de 5%. Ceci conduit EdF à construire de plus en plus de centrales, fonctionnant de moins en moins longtemps. L’augmentation des tarifs sera donc encore plus importante.

Conclusions : la diminution de la production de gaz à effet de serre étant l’urgence et l’objectif, il faut militer pour :
  • une suppression immédiate des aides  au rachat de l’électricité PV qui entretiennent la spéculation et grèvent la CSPE financée par les consommateurs ;
  • faire prendre conscience que le développement durable se situe surtout dans les économies d’énergies et  orienter prioritairement vers elles les investissements ; 
  • en France, 30% des Français ont un logement avec chauffage électrique, dont   70% à 80% des logements neufs ; il faut s’attaquer prioritairement à l’isolation de ces logements d’autant que les pointes de consommation sont essentiellement dues à ce chauffage électrique ;
  • réfléchir à la mise en place de tarifs consommateurs multiples avec taxation élevée aux heures de pointe ;
  • financer de façon beaucoup plus importante la recherche  sur le PV et   le stockage de l’électricité, qui restent à terme incontournables.

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